1. Comment utiliser mon temps de classe au mieux avec mes élèves ?
Qu’est-ce qui est le plus important que je fasse avec mes élèves, à quel moment de leur apprentissage est-ce le plus important que je sois à leurs côtés, où puis-je leur être le plus utile ?
2. Qu’est-ce que j’inverse ?
Un chapitre, un trimestre, l’année ? Il ne faut pas sous-estimer le temps de préparation que représente une classe inversée. Beaucoup d’enseignants qui se sont lancés dans cette pratique recommandent donc d’y aller petit-à-petit, et de commencer par un chapitre, car il faut quelques séances pour que les élèves se familiarisent avec le dispositif et prennent l’habitude d’effectuer le travail préliminaire.
3. Comment vais-je utiliser le temps supplémentaire dont je vais disposer en classe ?
Le travail en classe est la partie la plus importante de la classe inversée. C’est donc une question à bien analyser avant de se lancer. Une fois les parties « magistrales » du cours transposées à la maison, vous disposez de plus de temps disponible auprès des élèves. Comment allez-vous l’utiliser ?
4. Comment réorganiser spatialement ma classe pour permettre le travail en groupe ?
Une classe organisée en rangs d’oignons ne facilite pas un travail en groupe efficace. Cela entérine de plus une organisation « magistrale » de la classe. Si vous n’avez pas une salle de classe assignée dont vous pouvez modifier l’organisation, comment gérer spatialement ce travail de groupe ?
5. Quel travail hors-classe ?
Selon les modalités et les enseignants, le travail demandé hors de la classe varie. La classe inversée ne doit pas représenter un surplus de travail pour les élèves, soyez donc attentif, notamment à la longueur des vidéos si vous en utilisez. Un des avantages de la classe inversée est de plus de ne pas défavoriser les élèves qui n’ont pas accès à une aide à domicile pour leurs devoirs. Un des buts est donc souvent de ne pas demander à la maison de travail cognitivement difficile. Une des questions à se poser est également de se demander si vous voulez utiliser ce travail pour transmettre des connaissances, faire le point sur quelques notions clés, introduire une activité, … ?
6. Quelle forme pour le travail hors-classe ?
La partie transmissive du cours, si elle est souvent proposée par les enseignants qui se lancent en classe inversée sous forme de vidéos, ne nécessite pas forcement l’utilisation des nouvelles technologies. Un texte à lire avec des questions simples guidant ce qu’il faut en retirer peut également faire l’affaire.
Si vous choisissez d’utiliser des vidéos, comment allez-vous faire ? Utiliser des ressources déjà existantes ? Les produire vous-même ? En vous filmant, en train de faire le cours ? Sur papier, sur écran ? (ici, des conseils pour faire des vidéos efficaces) Où allez-vous les stocker ? Sur un site, le serveur de l’école, youtube ?
7. Comment être sûr que tous mes élèves puissent accéder au travail préliminaire ?
Si vous utilisez les nouvelles technologies, il est important de s’assurer au préalable que tous les élèves auront accès à internet. Une manière de s’informer de l’accès de ses élèves consiste par exemple à leur demander pour cela en début d’année où et à quelle fréquence ils se connectent à Facebook. Si tous vos élèves n’ont pas accès à internet chez eux, il faut alors faire preuve de débrouillardise. Les stratégies varient : certains enseignants s’arrangent avec le centre de documentation (ou tout autre endroit de l’établissement disposant d’accès internet), d’autres offrent aux élèves la possibilité de venir utiliser leur ordinateur personnel au cours des récréations ou lors des pauses méridiennes. Certains encore font des copies du matériel sur des clés USB ou des DVDs pour les élèves disposant du matériel adéquat mais pas d’internet y aient accès.
8. Comment être sûr que tous mes élèves réalisent le travail préliminaire ?
Il est généralement aisé de repérer en classe les élèves qui n’ont pas réalisé le travail demandé. Si une part trop importante de la classe ne l’a pas fait, et qu’il faut revenir en détail à la leçon, la classe inversée tombe alors à l’eau. Pour la séance en question mais aussi la suivante (si vous reprenez le cours cette fois-ci, pourquoi faire le travail préliminaire la fois suivante ?). Vous trouverez ici des stratégies permettant d’impliquer les élèves dans le travail préparatoire.
9. Comment présenter la classe inversée aux élèves, aux parents, à ma hiérarchie ?
Passer en classe inversée, surtout avec des vidéos à regarder à la maison, représente un changement de paradigme important auquel il est important de préparer les élèves, et sur lequel il est judicieux d’informer les parents et naturellement votre hiérarchie.
10. Comment évaluer si ma classe fonctionne ?
Comme il est toujours bon de revenir sur ses pratiques, il est intéressant de se demander à l’avance comment vous évaluerez le dispositif que vous avez mis en place. Que cherchez-vous à obtenir en mettant en place la classe inversée ? Quels critères vous permettraient d’établir que ces objectifs sont atteints ? Comment allez-vous mesurer ces critères ? Ferez-vous une enquête auprès des élèves/parents ? Confronterez-vous les résultats scolaires de vos élèves à ceux de l’année précédente ?
Si vous avez d’autres idées ou souhaitez des conseils, n’hésitez pas à nous contacter ! contact@inversonslaclasse.fr
Les problèmes rencontrés par les enseignants qui inversent leur classe ne recouvrent que partiellement les inquiétudes de ceux qui ne la pratiquent pas.
1. inverser sa classe prend du temps
Avant de se lancer dans l’inversion de sa classe, il est bon de réaliser le temps que vous pouvez y consacrer pour ne pas ployer sous la masse de travail à fournir. La plupart des enseignants que j’ai rencontrés ont inversé leur classe d’un seul coup, et ils conseillent presque tous de ne pas faire la même erreur. Au moins deux solutions pour éviter la noyade : (1) inverser petit-à-petit, en commençant par une section, puis une autre,… (2) réutiliser du matériel developpé par d’autres (voir ici pour les ressources existantes)
2. il faut se familiariser avec la technique
Réaliser des vidéos de ses cours, même s’ils sont bien rodés, prend plus de temps qu’on ne le pense. Au départ, une vidéo de 10 minutes peut prendre plusieurs heures (avec l’habitude, cela diminue rapidement). Même si le but n’est pas de devenir Steven Spielberg, cela demande de se familiariser avec des techniques auxquelles peu sont habitués : il faut quand même les faire et savoir comment et où les poster. Quelques conseils ici.
3. il faut préparer ses élèves
Pour plusieurs enseignants, la réaction d’une partie des élèves qui rejetaient le modèle de la classe inversée a été une surprise. Enthousiasmés par le principe, ils n’avaient pas prévu une résistance de la part des élèves à la disparition des leçons au cours desquelles ces derniers s’ennuyaient. La classe inversée demande aux élèves d’être actifs en cours, et non plus seulement passifs. De plus, à l’université, les étudiants ne sont pas forcément habitués à travailler hors la classe régulièrement. Quelques conseils ici sur pourquoi et comment aborder la question.
4. il faut prévoir du matériel pour le temps de classe
Il est facile de se focaliser sur la réalisation des vidéos lors de la préparation à la classe inversée. Ce n’est pourtant pas le point crucial ! Il est donc important de bien réfléchir à comment utiliser au mieux le temps d’interaction avec les élèves. Là encore, il n’est pas forcement nécessaire de réinventer la roue, surtout au départ. Il est possible de commencer simplement par s’appuyer sur les devoirs traditionnellement donnés à faire à la maison, et de les donner à réaliser en groupe aux élèves. Des techniques différentes peuvent aussi être utilisées, qui modifient encore davantage l’organisation traditionnelle du cours.
5. il faut trouver la bonne stratégie pour que les élèves regardent les vidéos
Selon le public et la présentation de la classe inversée par l’enseignant, la résistance par les élèves sera plus ou moins grande. Pour certains, le visionnage des vidéos par les élèves ne posera pas de problème, pour d’autres cela nécessitera des ajustements. Un guide ici.
Pour plus de détails, lire le post de Christian Drouin sur les défis rencontrés lors de la mise en place d’une classe inversée.
Quand on demande à des enseignants ayant inversé leur classe les conseils qu’ils donneraient à ceux qui souhaitent se lancer, leurs réponses contiennent invariablement une ou plusieurs des cinq recommandations suivantes :
1. se familiariser avec le concept de la classe inversée
Cela paraît évident, mais il est important de se faire sa propre opinion avant de se lancer. Il n’existe pas un modèle unique de classe inversée : c’est un concept que chaque enseignant met en pratique de manière différente. Cette page répertorie des témoignages d’enseignants qui ont inversé leur classe.
2. Inverser petit-à-petit
Je crois que tous les enseignants donnent ce conseil : commencer petit. Il n’est pas nécessaire de tout inverser dès la première année (ni au final d’ailleurs). Cela représente énormément de travail, surtout à faire d’un seul coup. Choisissez une section et lancez-vous. Au fur et à mesure, vous accumulerez le matériel nécessaire pour inverser de plus en plus de chapitres et de classes. Voir ici pour une technique à suivre pour inverser un chapitre.
3. Expliquer aux élèves comment travailler en classe inversée
Au final, ce sont réellement les élèves qui inversent la classe : s’ils viennent en classe non préparés, ils ne peuvent pas participer aux activités d’application de manière efficace. La classe inversée représente un changement de paradigme pour eux aussi qu’il est utile de leur expliquer. Selon l’âge et l’enjeu, la proportion d’élèves qui résistent très fortement à la classe inversée peut varier. De manière générale, plus les élèves sont âgés et habitués au système traditionnel, plus ils ont l’impression qu’en classe inversée, le professeur n’enseigne pas. De la même manière, si l’année s’achève sur un examen, ou pour les élèves qui sont très attachés à avoir d’excellentes notes, l’anxiété de ne pas être dans un modèle classique peut être plus forte. Voir ici et ici pour des exemples de stratégies utilisées.
4. Travailler en collaboration
Inverser sa classe avec un collègue a de nombreux avantages : en plus d’avoir un partenaire avec lequel échanger des idées, cela réduit la charge de travail inhérente au projet et permet de produire des vidéos de meilleure qualité (c’est le principe de la radio : il est en général plus agréable d’écouter deux personnes discuter qu’une seule monologuer). Voir ici et ici pour des exemples de collaboration.
5. Intégrer des évaluations à toutes les étapes
Les expériences individuelles des enseignants que j’ai rencontrés corroborent les résultats de décennies de recherches en psychologie : l’évaluation améliore l’apprentissage. Pratiquement pour la classe inversée, il est très productif de coupler les vidéos avec des questionnaires très simples. Ces questionnaires ont plusieurs avantages : en plus d’améliorer l’apprentissage, les points qui leur sont attribués motivent les élèves à faire le travail préparatoire.
Les vidéos utilisées en classe inversée varient énormement selon les enseignants. Plusieurs modalités co-existent :
– utilisation de ressources externes
– production personnelle
Même pour les productions personnelles, de nombreuses possibilités existent :
– filmer une feuille sur laquelle vous écrivez (idem avec l’écran d’une tablette tactile)
– enregistrer l’écran de votre ordinateur sur lequel le cours se déroule, avec vous en voix off (dans ce dispositif comme dans le précédent, vous pouvez également décider d’y ajouter une vidéo en vignette de vous-même en train de parler)
– vous filmer au tableau
– vous filmer avec des panneaux que vous avez préparés à l’avance
Quelle que soit la modalité que vous choisirez, quelques conseils simples s’appliquent :
1. Être concis
C’est un écueil classique par lequel nombre d’enseignants sont passés. Faire des vidéos trop longues présente plusieurs désavantages : elles sont lassantes pour l’auditoire (et par la même contre-productives) et sont plus difficiles d’accès techniquement (notamment si la bande-passante pour internet est mauvaise).
Il vaut donc mieux se contenter d’une notion par vidéo. Aaron Sams et Jon Bergman conseillent de s’en tenir à un maximum d’une dizaine de minutes en terminale, et d’enlever une minute par année scolaire (soit aux alentours de 4 minutes en sixième !).
2. Être simple
Préférez la simplicité pour vos vidéos. Vous pouvez naturellement décider de vous lancer dans la réalisation de court-métrages magnifiques, mais tout est une question de priorité. Une enseignante disait que l’enregistrement et le traitement de sa vidéo de 4 minutes lui prenait 4 minutes 30. Le but est pour vous d’être efficace, pas Spielberg.
3. Ne pas chercher la perfection
Plusieurs enseignants en classe inversée font cette réflexion : « il faut choisir entre la vidéo parfaite et la vidéo prête pour demain ». De la même manière qu’il vous arrive de bafouiller en classe sans que vos élèves ne vous en veuillent, il n’est pas nécessaire de refaire une vidéo ou de passer des heures à la corriger car votre langue a fourché .
4. Être enthousiaste
Sans chercher à être Billy Crystal, n’oubliez pas que vous ne parlez pas à votre camera mais aux élèves qui vous écouteront. De la même manière que lorsque vous êtes en classe, n’hésitez donc pas à varier le ton, rien n’étant plus ennuyeux qu’un débit monotone.
5. Vérifier ce que les élèves en retiennent
Coupler la vidéo avec un questionnaire simple (un questionnaire google par exemple) présente de nombreux avantages. Il vous permet de vérifier que les élèves ont fait le travail demandé (et eux savent que vous savez, ce qui est également incitatif), de savoir quelles notions sont bien passées, pour revenir en classe sur celles qui ne le sont pas, et enfin donne un retour immédiat aux élèves (l’évaluation formative étant un outil important dans l’apprentissage).
N’hésitez pas à demander aux élèves de poser une question à laquelle ils n’auraient pas la réponse sur ce que vous leur avez montré, cela guidera ce que vous faites en classe et les pousse à réfléchir sur ce qu’ils ont compris (metacognition).
Si les élèves ne lisent pas en avance les chapitres du manuel quand on le leur demande, pourquoi regarderaient-ils les vidéos?
Vous ne pouvez pas faire le travail des élèves à leur place et leur tenir la main en dehors de la classe pour les forcer à regarder les vidéos. Cependant, vous pouvez améliorer vos chances qu’ils fassent ce travail préparatoire de plusieurs manières:
0. S’assurer que les élèves pourront accéder aux vidéos
Il paraît naturel de mettre en place des stratégies permettant à tous les élèves d’accéder aux vidéos. Une première chose intéressante est de leur demander s’ils peuvent y avoir accès… par exemple en leur demandant où ils consultent Facebook et leur mail. Cela vous donnera une bonne idée de leurs pratiques. Si tous vos élèves n’ont pas accès à internet chez eux, il faut alors faire preuve de débrouillardise, il n’y a pas de solution magique. Les stratégies varient : certains enseignants s’arrangent avec le centre de documentation (ou tout autre endroit de l’établissement disposant d’accès internet), d’autres offrent aux élèves la possibilité de venir utiliser leur ordinateur personnel au cours des récréations ou lors des pauses méridiennes. Certains encore font des copies du matériel sur des clés USB ou des DVDs pour les élèves disposant du matériel adéquat mais pas d’internet.
1. Indiquer aux élèves comment regarder les vidéos
Cela paraît évident, cependant les élèves ne sont pas habitués à regarder des vidéos éducatives. Le medium audiovisuel est beaucoup plus utilisé à des fins récréatives. Il est bon de leur expliquer la différence et de pointer quelques étapes simples qui permettront un visionnage dans de bonnes conditions:
– mettre des écouteurs
– éteindre et éloigner son portable
– fermer les autres fenêtres sur l’écran
– se concentrer
– être impliqué : encourager les élèves
Crystal Kirch a réalisé une vidéo pour ses élèves (en anglais) à ce sujet.
Un grand nombre d’enseignants regardent la première vidéo avec leurs élèves, en classe, en leur indiquant comment y accéder, leur montrant comment ils peuvent revenir en arrière, accélérer, et ainsi adapter la vitesse de la leçon à leurs besoins.
2. Guider les élèves dans leur apprentissage : leur indiquer pourquoi regarder les vidéos
Comme toute activité demandée aux élèves, elle aura plus de succès si elle s’inscrit dans un projet avec un but et des objectifs pédagogiques qui sont explicités pour les élèves. De nombreux professeurs incorporent à leur section une feuille de route à suivre, qu’elle soit digitale ou en papier. Cette feuille de route contient
– le but de la séquence pédagogique
– le déroulement de la séquence pédagogique
– les objectifs pédagogiques liés à chaque étape (après cette vidéo, vous devez savoir faire…)
De nombreux professeurs demandent également à leurs élèves de prendre des notes sur cette feuille de route. Terminer en demandant à l’élève de poser une question sur quelque chose qu’il n’aurait pas compris ou sur lequel il voudrait avoir plus de renseignements. Avoir cette feuille de route en ligne permet à l’enseignant, avant qu’il arrive en cours, de savoir où en est chaque élève dans son apprentissage, et d’avoir une idée des concepts qui ont été mal compris et sur lequel les élèves souhaitent revenir.
3. Tester les élèves sur le contenu des vidéos en temps réel
Ponctuez vos vidéos de questionnaires sur les concepts clés que vous attendez qu’ils aient retenus. Associer des points à ces questionnaires, même en nombre très limités, augmente les chances que les élèves les remplissent. Cela revient à un principe très simple : l’enseignement passe par l’évaluation de l’apprentissage, aussi bien pour l’enseignant que pour les élèves eux-mêmes.
Les TICE représentent pour cela un atout fantastique : les formulaires google permettent par exemple de créer des questionnaire (simples ou élaborés) qui peuvent être automatiquement notés à l’aide de Flubaroo. Ainsi, l’élève regarde la vidéo, remplit le questionnaire et reçoit un retour immédiat pour savoir s’il remplit les objectifs pédagogiques, tandis que l’enseignant sait avant d’arriver en classe les concepts qui ont été compris par qui.
4. Faire des vidéos incitatrices
– faites des vidéos courtes (1 à 2 minutes en 6ème, jusqu’à 8 minutes grand maximum en terminale et au delà)
– se limiter à un concept par vidéo (ne pas hésiter à faire plusieurs vidéos pour plusieurs concepts)
5. Concevoir un temps de classe incitatif
Prévoir des activités qui mobilisent et engagent les élèves et pour lesquelles avoir regardé la vidéo est important : il doit y avoir un intérêt pour eux ! Par exemple, une tâche complexe pour laquelle ils ont besoin de ressources disponibles sur les vidéos (et qu’ils peuvent aussi regarder en classe).
Prêt à démarrer la classe inversée ?! Les vidéos sont prêtes, les activités en classe judicieusement choisies pour encourager l’acquisition de compétences : tout devrait rouler, les élèves vont adorer ! Pas si vite… un minium de préparation de toutes les parties concernées s’impose.
La classe inversée représente un changement de paradigme important non seulement pour l’enseignant, mais également pour les élèves/étudiants, leurs parents ainsi que la hiérarchie. Si l’expérience montre que les élèves apprécient in fine le système, la majorité des enseignants que j’ai rencontrés s’accordent à dire qu’il est important de préparer les élèves (et éventuellement leurs parents pour les plus jeunes).
Note: les conseils suivant sont basés sur des retours d’enseignants du secondaire. Il est à noter que plusieurs enseignants du supérieur ont fait face à une résistance très forte de la part de leurs élèves, ce qui les a amenés à introduire ce modèle différemment.
Pourquoi introduire la classe inversée ?
Les élèves ou étudiants sont des humains comme les autres… donc naturellement rétifs au changement (1). Ils arrivent en classe avec des attentes. Après plusieurs années passées dans le système éducatif, les élèves sont sûrs d’au moins une chose en arrivant à l’école : ils en connaissent les règles. Ils savent comment le système fonctionne et ce qu’on attend d’eux, même s’ils n’y excellent pas et n’en respectent pas forcément les codes. Changer les règles sans le leur annoncer les met donc en position de faiblesse, sur la défensive. Sachant que l’inversion de la classe repose pleinement sur leur collaboration, il paraît plus logique de faciliter le changement en le leur expliquant. Il s’agit d’un paradoxe : les élèves n’aiment pas les cours magistraux, mais sont perdus sans eux…
Il en va de même pour les parents, qui ont pour la plupart réalisé toute leur scolarité suivant un modèle traditionnel de cours en classe et de devoirs à la maison. La classe inversée est une nouveauté qu’ils peuvent percevoir comme une menace pour la réussite de leur enfant.
Quel message faire passer ?
Les démarches diffèrent pour présenter la classe inversée aux apprenants. Cependant elles reposent communément sur les points suivants :
– pointer les limites du modèle traditionnel : en faisant appel à leur propre expérience d’apprenant (le cours va trop vite ou trop lentement, les devoirs sont faits seuls à la maison)
– indiquer aux élèves les avantages que cette méthode représente pour eux.
Voici une liste des avantages que présente la classe inversée pour les élèves qui sont couramment utilisés :
– les élèves peuvent suivre les leçons à leur propre rythme : revenir en arrière ou accélérer autant qu’ils le veulent
– le professeur a plus de temps pour aider les élèves : ils obtiennent des réponses à leurs questions de manière individuelle
– les élèves sont plus actifs en cours
– si les élèves manquent une classe, il est plus simple de récupérer
– les résultats scolaires sont meilleurs
Ce dernier point est le plus souvent utilisé par des enseignants en disciplines scientifiques. Plusieurs m’ont confié montrer à leurs élèves ou leurs étudiants les données issues soit de leur propre pratique, soit celles de collègues, publiées ou non.
Comment aborder la question?
Certains enseignants s’appuient sur une note écrite, d’autres sur des vidéos (quelques exemples à la fin de ce post). Plusieurs demandent aux élèves de noter les interrogations qu’ils ont à propos de cette méthode. La discussion s’effectue le premier jour de classe. Un enseignant en sciences physique fait discuter ses élèves sur le dessin suivant :
(dessin de Christian Drouin)
Une fois les élèves préparés à l’idée de la classe inversée, il reste à les préparer à la pratique. Il ne faut pas attendre que l’autonomie vienne d’elle-même.
En français:
Annick Arsenault-Carter (mathématiques, niveau collège) : vidéo pour les élèves
Nadine Lanteigne (mathématiques, niveau primaire) : video pour les parents
En anglais:
Nicole Creemens (lettres, niveau collège) : vidéos pour les élèves et les parents
Crystal Kirch (mathématiques, niveau lycée) : vidéos pour les élèves et les parents
et de manière plus générale, une compilation de vidéos introductive à leur classe inversée par des enseignants anglophones assemblée par Crystal Kirch
(1) Teaching and learning in the interactive classroom, Silverton DU.Adv Physiol Educ December 2006 vol. 30 no. 4 135-140
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